La Fondation HAVOBA donne la parole à ses principaux acteurs ! C’est au tour d’Aïda Lengliz, présidente de la fédération tunisienne du sport scolaire de nous faire part de son expérience et de ses attentes envers la Fondation.
En quoi le sport scolaire est-il, selon vous, fondamental ?
Le sport scolaire, c’est la base. C’est à l’école que tout commence, que les jeunes découvrent une discipline, un collectif, un encadrement. Pour moi, c’est l’étape primordiale dans le parcours de tout sportif. Personnellement, j’ai été sélectionnée en équipe nationale senior après avoir disputé une finale scolaire. J’avais 14 ans. Cette étape m’a tout simplement propulsée. Le sport scolaire permet non seulement la détection de talents, mais il a aussi une dimension éducative et sociale forte. Alors oui, je crois profondément à l’école comme terreau du sport.
Quelles sont les grandes orientations actuelles de la Fédération du sport scolaire en Tunisie ?
Notre stratégie repose d’abord sur la promotion du sport scolaire comme outil d’inclusion, d’équité, et de détection. Il s’agit de renforcer la pratique sportive des élèves, filles comme garçons. Ensuite, nous visons une meilleure passerelle entre le sport scolaire et le sport en club, pour nourrir les équipes et les sélections nationales. L’école doit devenir un véritable vivier, tant pour les sportifs que pour les futurs arbitres ou éducateurs.
Où en est la Tunisie aujourd’hui sur le plan du sport scolaire ?
Nous avons franchi des étapes importantes. Aujourd’hui, 1,6 million d’élèves participent aux activités sportives, du primaire au secondaire. Nous avons environ 4 500 associations sportives en milieu scolaire et 260 000 licenciés. Et surtout, nous avons réussi à atteindre les régions les plus enclavées du pays. C’est un vrai motif de satisfaction. Ce n’est pas encore suffisant, bien sûr, mais les fondations sont là.
Quels types de sports sont aujourd’hui proposés à l’école ?
Nous avons déjà une belle diversité : athlétisme, cross-country, judo, karaté, mais aussi des sports arrivés plus récemment comme le badminton ou le taekwondo, que nous sommes en train d’intégrer. L’an prochain, d’autres spécialités viendront enrichir notre offre. Nous voulons répondre à toutes les envies et à tous les profils.
La Fondation HAVOBA vous a récemment impliquée dans une session de formation. Quel regard portez-vous sur cette collaboration ?
J’étais présente lors des journées de formation en Tunisie, aux côtés du groupe HAVOBA. J’y ai animé une présentation axée sur l’inclusion des élèves en situation de handicap. C’était un moment fort. Ces échanges ont aussi permis de renforcer notre dialogue avec des fédérations comme celles de handball, volley et basket. Ces rencontres sont précieuses, car elles donnent naissance à des projets concrets.
Vous êtes aussi l’une des premières femmes à occuper une telle fonction dans le sport tunisien. Quelle place occupe aujourd’hui la féminisation dans vos priorités ?
La question de la féminisation est centrale. Depuis ma nomination en février 2022, j’ai constaté une réelle progression. En Tunisie, nous avons des championnes olympiques dans des disciplines longtemps considérées comme masculines : haltérophilie, lutte… Et ces sports sont aujourd’hui pratiqués à l’école, y compris par des filles. Le rugby scolaire féminin se développe, tout comme le football. Le nombre de pratiquantes est en nette augmentation, et c’est très encourageant.
Quel regard portez-vous sur les échanges avec les fédérations françaises, lors des formations HAVOBA ?
Ces échanges ont été extrêmement enrichissants. J’ai participé à plusieurs ateliers avec des directeurs techniques venus de France. Cela permet de comparer nos pratiques, d’explorer de nouvelles méthodes de formation. Le sport évolue constamment, il faut donc sans cesse se remettre en question. Être confrontée à d’autres visions, d’autres stratégies, c’est très formateur.
Et du côté des freins : quels sont les principaux obstacles au développement du sport scolaire tunisien aujourd’hui ?
Nous manquons cruellement d’infrastructures sportives dans les écoles. C’est l’un de nos grands défis. Lors du séminaire avec HAVOBA, j’ai insisté sur cette faiblesse. Nous avons beaucoup d’énergie, de motivation, mais nous travaillons souvent avec des moyens très limités. Sans installations de qualité, il est difficile d’aller au bout des ambitions.
Pensez-vous que la Fondation HAVOBA pourrait contribuer à combler ce manque ?
Oui, clairement. Si la deuxième phase du projet HAVOBA se concentre sur le financement d’équipements sportifs, ce serait un changement majeur pour nous. Car avoir la volonté, c’est bien. Mais pour former, pratiquer, évoluer, il faut aussi du matériel, des terrains, des gymnases. Sans cela, l’inclusion, la performance ou même la motivation finissent par s’essouffler.