
Le 12 septembre dernier, l’Institut Français de Dakar accueillait un temps fort du programme HAVOBA, porté par les fédérations françaises de handball, volleyball et basketball, avec l’appui de l’AFD et de la Fondation du Sport Français. Au cœur des échanges : le sport scolaire et la féminisation du sport, deux enjeux structurants pour l’avenir du sport en Afrique de l’Ouest. Présent lors de la table ronde consacrée à la féminisation, Amadou Sène, président de la Fédération sénégalaise de Volleyball depuis avril 2025, s’est imposé comme l’un des interlocuteurs majeurs de cette rencontre. Entretien exclusif.
Comment le programme HAVOBA vous a-t-il été introduit et pourquoi avez-vous choisi de rester engagé ?
Lorsque j’ai pris mes fonctions à la tête de la Fédération Sénégalaise de Volleyball en avril, j’ai trouvé le programme HAVOBA déjà en place. Je l’ai donc hérité de mon prédécesseur. Dès que j’ai pu en analyser le contenu, j’ai rapidement compris que, tant sur la forme que sur le fond, il s’agissait d’un programme particulièrement pertinent pour une fédération sportive. Ce qui m’a convaincu de le poursuivre activement, c’est la qualité et la pertinence des thématiques abordées : la féminisation du sport, le sport scolaire, l’accompagnement et la montée en compétence des techniciens et officiels, ainsi que tout ce qui touche au management sportif destiné aux dirigeants. Ces axes correspondent parfaitement aux besoins actuels de notre discipline et, plus largement, aux enjeux auxquels font face la plupart des fédérations sportives au Sénégal. Pour le volleyball en particulier, mais aussi pour des disciplines comme le handball ou le basket, HAVOBA apporte une vraie valeur ajoutée : même si certaines fédérations, comme le basket, disposent déjà d’une structure plus robuste. J’ai également été séduit par : la haute expertise des intervenants, la qualité de l’accompagnement pédagogique, et le soutien matériel mis à disposition des fédérations. Tout cela constitue un ensemble extrêmement bénéfique pour nos structures, nos dirigeants et nos techniciens. C’est pourquoi j’ai choisi d’assurer naturellement la continuité du programme, avec beaucoup d’enthousiasme et avec l’engagement de toute mon équipe et des collaborateurs impliqués.
Comment HAVOBA contribue-t-il au renforcement des fédérations sportives en Afrique de l’Ouest ?
À mon avis, l’apport d’Havoba est déterminant pour les fédérations sportives de la sous-région, car il répond directement aux besoins fondamentaux qui freinent souvent leur développement : le financement, la formation, l’accès au matériel et l’accompagnement technique.
- Une réponse concrète au défi financier
Le premier obstacle auquel nos fédérations sont confrontées reste le problème financier. Or, Havoba apporte un soutien essentiel en prenant en charge : les coûts de formation des cadres, les frais liés à la mise en œuvre des programmes, une partie importante des besoins matériels. Cet appui permet aux fédérations de fonctionner avec plus de sérénité et d’ambition. - Un investissement massif dans la formation
La formation constitue un pilier central du développement sportif. Grâce à Havoba : les cadres techniques bénéficient de formations de qualité, les dirigeants et administrateurs sont mieux outillés pour structurer leurs organisations, les projets gagnent en professionnalisme et en efficacité. Cette montée en compétence contribue directement à une meilleure gouvernance et à une meilleure structuration interne. - Un apport matériel décisif
Havoba accompagne également les fédérations à travers une dotation en matériel, notamment : un nombre conséquent de ballons, des équipements permettant un meilleur encadrement des athlètes, du matériel pédagogique pour les formations. Pour des fédérations aux moyens limités, ce soutien renforce immédiatement le travail sur le terrain et dynamise les activités sportives. - Une expertise de haut niveau mise au service des fédérations
L’un des grands atouts du programme réside dans la qualité des intervenants. Ce sont des spécialistes reconnus, extrêmement compétents dans leurs domaines respectifs. Lors des différents séminaires, nous avons pu mesurer : la pertinence de leur approche, la clarté de leurs enseignements, et l’impact concret de leur expertise sur la façon de travailler. Cette dimension renforce encore davantage la crédibilité et l’efficacité du programme. - Un impact régional indéniable
Enfin, l’appui d’Havoba ne se limite pas au Sénégal. Dans l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest où ils interviennent – que ce soit le volley, le basket ou le handball – le programme répond à des besoins réels et urgents des fédérations sportives : renforcement de la structuration, accompagnement des projets, professionnalisation et montée en compétence.
En résumé Havoba joue un rôle essentiel en : apportant un soutien financier stratégique, renforçant les compétences des cadres, fournissant du matériel indispensable, et partageant une expertise de haut niveau. C’est un partenaire clé pour le développement, la structuration et la montée en performance de nos fédérations sportives en Afrique de l’Ouest. »
Pourquoi l’accent mis par HAVOBA sur le sport scolaire est-il essentiel ?
Havoba accorde une importance particulière au sport scolaire, et je trouve cela extrêmement pertinent. Tout programme qui ambitionne un développement large et durable doit naturellement s’appuyer sur les jeunes — et le principal vivier des jeunes, c’est l’école. L’école est un espace unique pour transmettre : le savoir, le savoir-faire, les compétences fondamentales, et les valeurs qui entourent une discipline sportive. C’est à l’école que l’enfant acquiert les premières connaissances, la culture de la discipline, et les bases qui vont structurer sa pratique future. Pour un sport qui veut s’étendre, se démocratiser et toucher toutes les couches de la société, il est donc vital que le programme passe par l’école. De plus, l’école garantit la pérennité. Les personnes passent, les générations se succèdent, mais l’école reste. Elle permet de préserver le savoir, de le transmettre continuellement, et d’assurer la continuité du programme sur le long terme. C’est pour cela que l’orientation de Havoba vers le sport scolaire est non seulement judicieuse, mais indispensable. Et les résultats que l’on observe sur le terrain montrent bien que cette stratégie est cohérente et porteuse.
Comment percevez-vous l’enjeu de la féminisation du sport au Sénégal et en Afrique ?
La féminisation du sport est un enjeu majeur au Sénégal, et plus largement dans de nombreux pays africains. D’abord parce que notre pays compte une forte population féminine, et cette tendance ne fait que se confirmer : les femmes représentent une part croissante de la société. Ensuite, le Sénégal est un pays extrêmement jeune. Cela signifie que, si l’on veut construire une génération équilibrée, éduquée et en bonne santé, il faut impérativement que les filles aient accès au sport au même titre que les garçons. On le dit souvent : un esprit sain dans un corps sain. Cette réalité vaut pour tous, et le développement physique, mental et social que procure le sport doit concerner les filles autant que les garçons.
Cependant, au Sénégal, certaines zones restent encore marquées par des inégalités d’accès pour les filles, que ce soit à cause de facteurs culturels, sociaux ou structurels. C’est pourquoi il est urgent : d’identifier ces zones, de comprendre les obstacles spécifiques, et de mettre en place des mesures d’accompagnement adaptées. Cela peut passer par : la création d’espaces sécurisés pour la pratique, la sensibilisation des communautés, l’appui aux encadrants, et le développement de programmes qui valorisent la participation féminine.
L’enjeu est immense : la participation des femmes au sport contribue non seulement à leur santé, mais aussi à leur autonomisation, à leur leadership et à leur inclusion sociale. Le Sénégal en a besoin, et beaucoup de pays africains partagent la même réalité, avec les mêmes défis et les mêmes opportunités.
En résumé, la féminisation du sport n’est pas seulement un objectif sportif : c’est un enjeu de société, un levier de transformation positive pour les générations futures.
Quel changement observe-t-on chez les jeunes grâce au programme HAVOBA ?
Pour être honnête, je pense que l’année 2026 sera le moment le plus approprié pour évaluer de manière objective l’impact du programme Havoba sur les jeunes. En 2025, l’essentiel du travail a porté sur la formation des encadreurs, sur la montée en compétences des techniciens, des enseignants et des responsables locaux. C’était une étape fondamentale pour préparer le terrain.
Cependant, notre capacité à déployer intégralement les activités auprès des jeunes a été limitée, notamment parce que nous attendons encore une partie du matériel pédagogique et sportif prévu dans le cadre du programme. Ce matériel est indispensable pour rendre les formations concrètes, animer les séances sur le terrain et permettre aux fédérations de mettre en place des activités régulières.
C’est pourquoi je suis convaincu que l’année 2026 sera décisive. Avec l’arrivée du matériel, toutes les fédérations concernées pourront : mettre pleinement en œuvre les actions prévues, intervenir efficacement dans les établissements scolaires, animer les centres dédiés à la féminisation du sport, et toucher un nombre beaucoup plus large de jeunes.
C’est à ce moment-là que nous pourrons véritablement mesurer les changements : en termes d’engagement des jeunes, de participation féminine, de niveau technique, et d’impact pédagogique.
En résumé, les bases ont été posées en 2025 ; l’impact réel et visible sur les jeunes sera mieux mesuré en 2026, lorsque les conditions matérielles et opérationnelles seront réunies.

